La Ferme de l'Aulnoy
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Reconversion d’un passionné d’agro-écologie - Alexandre Benoist
Rencontre du mois du septembre 2021
A la Ferme de l’Aulnoy, l’enfant du pays, Alexandre Benoist me reçoit pour cette interview… en plantant des plants d’haricots verts !
Oui, Alexandre ne s’arrête jamais, travailleur passionné, courageux et exigeant, Alexandre est un homme de valeurs, valeurs transmises par ses parents : la valeur travail est importante « mes quatre grands-parents étaient agriculteurs, je ne les ai toujours vu marner sans s’arrêter tout comme mes parents ! ». Mais aussi une sensibilité écologique avant que cela ne soit au goût du jour « Mes parents, sans être écologistes, m’ont appris le rapport à la nature », le choix de cette reconversion n’est donc pas dû au hasard…
Une reconversion en adéquation avec le monde de demain ? oui mais aussi une aventure exceptionnelle !
Après l’obtention d’un master « Gestion des organisations », Alexandre commence sa carrière chez Décathlon où il exerce pendant une dizaine d’années en tant que chef de rayon. Rapidement il se met à « tourner en rond », voire à « s’ennuyer ». Il ne trouve pas de sens à ce qu’il fait, « en lumière de tout ce qu’on apprend sur l’écologie, avec l’impression que la planète va droit dans le mur à cause des dérèglements climatiques ». Il parle d’envie d’être acteur du changement, d’attraction pour l’agriculture, de retourner aux choses essentielles et de mener un projet professionnel qui ait du sens pour lui. L’aventure commence.
En juillet 2016, après une formation agricole suivie dans le cadre de sa reconversion professionnelle, Alexandre se lance dans la production maraîchère. Devenir agriculteur, oui mais avec cette volonté de « pratiquer une agriculture proche de la nature dans une logique de prendre soin de l’environnement, de la biodiversité et de l’humain ! Une agriculture qui produit des légumes nutritifs, des légumes que l’on a envie de donner à ses enfants. »
Prendre soin de la terre ? oui mais aussi créer une harmonie entre l’homme et la nature !
Sans être catastrophiste, Alexandre est conscient de l’impact de notre mode de consommation, de production, de transports, ou alimentaires et des conséquences sur notre environnement, « notre environnement en pâtit » avec pour conséquences : de fortes augmentations de chaleur, qui entrainent la multiplication des catastrophes naturelles telles que l’on a pu voir cet été : grêlons au mois de juin, sécheresse, incendies, trombe d’eau que le sol ne peut absorber… ainsi que la disparition d’espèces nécessaires à notre équilibre (abeilles, coccinelles…) etc
Alexandre est dans la recherche permanente d’une efficacité « agro-écologique », ce projet est aussi un projet de territoire. Il tente donc de créer l'harmonie entre l'homme, la faune et la flore et créé un univers où chacun a sa place. La ferme comprend 22 hectares, dont 4000 m² d'abris et 4 hectares de plein champ consacrés à la production de légumes… Le reste, ce sont des prairies, un espace pour des poules pondeuses, des parcs pédagogiques en devenir… « Lorsqu'il existe une pluralité d'ateliers agricoles sur une même ferme, cela produit des interactions bénéfiques : par exemple, la fiente des poules sert au maraîchage, les légumes invendus nourrissent les poules, etc ». Le projet est plus large : Alexandre rêve également d'un lieu de rencontre avec des cafés-débats, des concerts, de projets pour former les enfants… La partie d’Adeline, son soutien de toujours et son épouse qui mettra son expérience auprès d’enfants et son talent pour la cuisine, au profit de ce projet en développant la partie ateliers pédagogiques ainsi que la production de produits transformés.
« Une solution locale pour un désordre global » ? un projet collectif avant tout !
Cette aventure est une aventure d’équipe ! Composée de 3 salariés, dont 2 viglainois. La formation et la transmission sont importantes, créer des emplois pour les viglainois aussi. Créer des emplois pour son village, participer au dynamisme économique du village est un « juste retour des choses ». Il prend le temps également de former quelques jeunes stagiaires du village. Quand je demande à l’une de ses anciennes stagiaires de définir Alexandre, cette jeune fille me répond « Il donne sa chance à tout le monde, il est exigeant avec lui et avec les autres et… il est drôle malgré lui ! ».
Autre aventure d’équipe : la création de l’AMAP ! L’« Association pour le maintien d’une agriculture paysanne » a été créée en juin 2017 à un moment où l’offre n’existe pas. Aujourd’hui l’AMAP du Bec d’Able peut fournir en légumes, œufs de poules et de cannes, volailles, fromages de chèvre, farine de blés anciens d’Autry le Châtel, pâtes fabriquées avec ces farines, lentilles, huiles de colza, tournesol et cameline, savons saponifiés à froid, pruneaux d’Agen et enfin d’agrumes, avocats, olives, huile d’olive venant de petits producteurs d’Andalousie.
L’idée est avant tout de fédérer des consommateurs avec des valeurs identiques avec l’envie d’un projet commun. Là est tout le sens de cette AMAP qui, soyons clair, est un soutien financier pour le maraîcher car l’avance de trésorerie (les inscriptions et règlements sont début octobre) permet de développer, d’investir… mais également un vrai soutien moral.
Plus vert, c’est plus cher » ? Plus si vrai !
Autrefois réservé aux puristes, puis aux bobos, le bio se démocratise et s’adresse aujourd’hui à chacun soucieux de préserver sa santé mais aussi celle de la planète avec des produits plus propres. « Aujourd'hui, tout le monde veut manger bio, mais il faut que ça soit peu coûteux ». Nourrir les hommes avec des produits sains et délicieux, préserver l’environnement, l’eau, la biodiversité, redynamiser les zones rurales, sculpter le paysage… voilà certaines des missions d’Alexandre. Cela peut avoir un coût un peu plus élevé parfois. Cependant les écarts de prix ne sont plus ce qu’ils étaient « certains légumes sont parfois moins chers qu’en grande surface ! ».
La Ferme de l'Aulnoy propose désormais une large gamme de fruits et légumes bio, notamment, et selon la saison bien sûr : courgettes, concombres, tomates, aubergines, carottes, fraises, navets, radis, betteraves, haricots, petits pois, fèves, courges, pommes de terre, épinards, blettes, mesclun, salades, choux, melon, oignons, patate douce,... Au total une quarantaine de légumes différents Alexandre vend ses produits directement à la ferme (le mercredi de 17h à 20h et le samedi de 9h à 12h), et sous forme de panier AMAPP , sur le marché de Sully-sur-Loire le lundi matin et le marché d’Orléans le samedi matin. Il fournit également la cantine scolaire de Viglain, un biocoop et une Amap en région parisienne.
Ce projet est aussi une prise de conscience du pouvoir de notre consommation, en passant de simple consommateur à consom’acteur, c’est aussi décider de planter ensemble des graines, de soutenir nos agriculteurs pour qu’ils puissent cultiver des aliments sains de manière respectueuse de l’environnement, de l’humain et de la santé… pour changer le monde de demain. Et si nous devenions tous Consom’Acteurs ?!